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Pages Savoir > Lutte contre l'obscurantisme > Pandémie de COVID-19 et recherche scientifique
Le terme "populisme médical" a été utilisé en avril 2020 par Damien Barraud, médecin réanimateur en unité COVID au CHR de Metz-Thionville, pour qualifier le comportement peu orthodoxe et peu professionnel du professeur Didier Raoult qui, mis en minorité par la communauté scientifique dans la controverse sur le traitement de la COVID-19 par l'hydroxychloroquine, a décidé de passer outre en convoquant sur youtube l'opinion incompétente et passionnelle des internautes1). Le professeur de médecine Didier Raoult partage avec son ami philosophe Michel Onfray la manie de s'exprimer de manière volubile en mélangeant des savoirs acquis par une certaine expertise professionnelle avec des préjugés dignes du café du commerce, ainsi qu'une grande hostilité vis-à-vis du jacobinisme parisien propre à flatter l'égo de certains provinciaux mécontents en manque de repères. Mais le "populisme médical" n'est malheureusement pas le seul outrage à la bonne marche de la science en temps de pandémie. Le stakhanovisme infligé par la doctrine "publish or perish" sur les équipes de chercheurs a atteint des sommets qui confinent au travail bâclé. Dans cette atmosphère hyper-concurrentielle et stressante peu propice à la recherche, les pré-publications de qualités variables se sont multipliées, avec une certaine complaisance vis-à-vis de leur exploitation médiatique sur le même plan que les publications. Heureusement, quelques médias non "alternatifs" résistent encore au populisme médical2).
Dernière mise à jour : 21/08/2022 22:56
Sommaire :
Galimatias ambiant : ne pas confondre une maladie et son agent infectieux !
La science malmenée en période d'épidémie
Pédagogie des études cliniques
France Culture > La Méthode Scientifique
Annexe : Expressions fausses, explications et corrections ; Précisions lexicales médicales ; Exemples d'agents infectieux et de maladies
Sites web à connaître :
(Cartes et chiffres : voir page Services en ligne du web non globalisé > Suivi de la pandémie de COVID-19)
L'à-peu-près de la langue est utile en poésie, en littérature et dans les arts, mais ne permet jamais d'appréhender les phénomènes scientifiques ou sociaux : "Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde."3)
Plus on galvaude en employant des mots et expressions simples et approximatifs à la place d'autres plus élaborés, moins on a de possibilités de penser et de nuancer la réalité du monde. Toute réduction du vocabulaire engendre une réduction, un enfermement, une clôture de la capacité de penser. Quand cette réduction est orchestrée ("vagues de contaminations"…), propagée et reprise à un niveau national, non pas seulement sur Facebook, mais dans les canaux officiels de communication (président, ministres, journalistes), on peut s'en inquiéter…
C'est pourquoi il ne faut pas confondre une maladie et son agent infectieux !
La COVID-19 n'est pas un virus mais une maladie de type Syndrome Respiratoire Aigu Sévère causée par le coronavirus SARS-CoV-2. Celui-ci est le proche cousin du coronavirus SARS-CoV, l'agent du SRAS qui s'est répandu lors de l'épidémie de 2003.
À savoir :
À lire en bas de page : Expressions fausses, explications et corrections
Ci-desous, des liens vers des articles traitant de la science malmenée au cours de cette pandémie de COVID-19 :
Expression | Justesse | Explication |
---|---|---|
"Épidémie de coronavirus" | INCORRECT | Les épidémies de virus n'existent pas car les virus ne sont pas des maladies ! |
"Épidémie de COVID-19" | CORRECT | |
Un "cas de coronavirus" | INCORRECT | Un "cas de virus" ne veut rien dire car un virus n'est pas un événement, ce n'est pas un phénomène. Un "cas de virus" n'est donc pas plus intelligible qu'un cas d'acide aminé, d'ARN ou d'ADN dont nous sommes constitués. Un virus n'est ni une maladie, ni un syndrome, ni un symtôme. |
Un "cas de COVID-19" | CORRECT | |
"Contracter le coronavirus" | INCORRECT | Le verbe contracter s'utilise pour désigner l'atteinte par une maladie (cf. Larousse). S'il est possible de contracter un sphincter, l'être humain capable de contracter un virus de sorte que sa taille en soit réduite n'est pas encore né. |
"Contracter la COVID-19" | CORRECT | |
"Être infecté par la COVID-19" | INCORRECT | Une maladie n'est pas un agent infectieux |
"Être infecté par le coronavirus SARS-CoV-2" | CORRECT | |
"Crise du coronavirus" | INCORRECT | Il est absurde et machiavélique d'affirmer qu'un virus est en crise pour signifier au contraire qu'il est en développement dans l'espèce humaine ! D'une part, il est certain que les virus ne disparaîtront pas avant leurs hôtes, donc pas avant 600 millions d'années. Dans 600 millions d'années (donc très très très longtemps après la disparition naturelle ou artificielle de l'espèce humaine), les végétaux respirant par photosynthèse en C3, soit 95% de la biomasse actuelle, commenceront à disparaître à cause de la diminution drastique du taux de CO2 dans l'atmosphère, elle-même causée par l'accélération de l'altération des silicates, elle-même causée par la lente augmentation de l'irradiation solaire, elle-même causée par l'augmentation de la luminosité du Soleil, elle-même causée par l’augmentation du rythme des réactions de fusion nucléaire de l'hydrogène dans le noyau solaire en contraction. D'autre part, tout virus infectant le dernier maillon de la chaîne alimentaire qu'est l'espèce humaine, est détecté uniquement lorsque la maladie qui en résulte prend des proportions épidémiques après être sorti de son réservoir hôte généralement animal (par exemple les chiroptères). Les sociétés humaines déclarent tout virus non détecté chez des êtes humains depuis un certain temps comme étant disparus, par exemple la variole alias "petite vérole", erradiquée en 1980 selon l'OMS, et dont l'espèce réservoir reste inconnue (peut-être éteinte). Ces déclarations à visée sanitaire sont souvent limitées au champs médical en faisant abstraction du discours scientifique, notamment du travail des virologues en lien avec les écologues et zoologues quand ils ont les moyens financiers pour effectuer les recherches… |
"Crise sanitaire liée à l'épidémie de COVID-19" | CORRECT | |
"Vaccin contre le coronavirus" | APPROXIMATIF et TROMPEUR | Un vaccin ne s'attaque pas directement à un virus car c'est le système immunitaire qui le fait APRÈS la vaccination. Mécanisme simplifié de mémorisation immunitaire : AVANT la mise en contact avec un virus (antigène), une ou plusieurs "signatures" de ce virus – des polypeptides appelées "déterminants antigéniques" – sont injectées dans le sang pour initier une mémorisation par le système immunitaire. Si l'apprentissage fonctionne, des lymphocytes B "naïfs" vont se spécialiser en lymphocytes B "mémoires" à longue durée de vie, capables à tout moment de se transformer en plasmocytes (ou plasmatocytes) à faible durée de vie pour produire des anticorps spécifiques contre cet antigène viral. De la famille des immunoglobulines, ces anticorps possèdent un site de liaison à très forte affinité avec le site de liaison polypeptidique de l'antigène viral. De surcroît, les lymphocytes B font partie des Cellules Présentatrices d'Antigène (CPA) aptes à stimuler la réponse immunitaire secondaire. En effet, les Cellules Présentatrices d'Antigène (CPA) possèdent à leur surface des molécules du complexe majeur d'histocompatibilité de classe II (CMH II) portant un polypeptide signature ("déterminant antigénique") capable par action sur les Récepteur des Cellules T (TCR) situées à la surface des lymphocytes T "naïfs" qu'elles rencontrent, d'en déclencher la spécialisation en lymphocytes T "mémoires". Une fois le vaccin évacué du corps, si l'apprentissage s'est bien effectué et si les signatures polypeptidiques du virus précédemment mémorisées n'ont pas changé par mutation, alors tout mise en présence de ce virus déclenche la réponse immunitaire. |
"Vaccin contre la COVID-19" | CORRECT | |
"Être atteint du coronavirus" Olivier Véran, ministre de la santé, à la 14e seconde de son point de situation hebdomadaire (et pédagogique) du 1 octobre 2020. | INCORRECT | Avant de répéter cette grossière faute de français, se demander par exemple : est-ce que "être atteint du germe" ou "être atteint de la bactérie" est une phrase intelligible et claire ? Assurément non. En français correct, une personne ou bien un organe de celle-ci est atteint PAR quelque chose, dans le sens de blessé, diminué. |
Parmi les autres points forts de votre rentrée il y a la volonté de renforcer les savoirs et la connaissance, évidemment de façon pluridisciplinaire. Est ce qu'à travers cette pluralité de disciplines il y aura également pluralité des points de vue ? Et en particulier dans le domaine médical et le domaine des sciences ? Car ce qui est notable dans les messages des auditeurs, c'est leur souhait d'entendre des avis contradictoires, des analyses, des voix différentes. Sandrine Treiner, veillez-vous à ce que tous les points de vue puissent être entendus sur votre antenne ?
Sandrine Treiner :
Et bien non, Emmanuelle, au risque de vous surprendre. Je pense que la science n'est pas qu'une histoire de points de vue. La science n'est pas qu'une affaire d'opinions. Elle n'est d'ailleurs même pas une affaire d'opinions. Ce n'est en tout cas pas de cette façon que nous l'envisageons sur l'antenne de France Culture. C'est tout l'intérêt du travail réalisé par Nicolas Martin et toute l'équipe de "La méthode scientifique", précisément pour dire "la science, ce sont des faits", et ce jusqu'à preuve du contraire, bien sûr. C'est ce qui guide notre réflexion. Donc, non, il ne suffit pas d'avoir un point de vue médical ou scientifique pour qu'il trouve place sur cette antenne. Et nous veillons à justifier nos choix et justifier nos sources, c'est un travail que Nicolas Martin va d'ailleurs reprendre en matinale. Car si vous entendez le lundi que telle chose est grave et le mardi que la même chose ne l'est pas… qu'est-ce qui permet, au fond, à la citoyenne, au citoyen, de se faire un avis ? Il y a débat partout où il y a échange d'idées, en revanche sur le terrain de la science, non, tous les points de vue ne sont pas égaux.