Après les gilets jaunes ou les stylos rouges, les blouses blanches sont désormais omniprésentes sur les réseaux sociaux.
Réseaux
Groupes de soutien au professeur Raoult, débats sur les mesures sanitaires, expressions de solidarité envers les soignants … en cette période de confinement et de distanciation sociale, les réseaux sociaux sont encore plus que d'habitude des lieux privilégiés d'expression de la colère des français.
Comment la défiance s'exprime-t-elle sur les réseaux sociaux en temps de pandémie ? Notre invité est Olivier Ertzscheid, enseignant-chercheur à l’Université de Nantes en sciences de l’information, auteur notamment de "L’appétit des géants. Pouvoir des algorithmes, ambitions des plateformes" (C&F éditions).
Didier Raoult, figure émergente des réseaux sociaux :
"On a vu sur les réseaux sociaux un phénomène d’unisson de la couverture médiatique en temps de crise qui s’est cristallisé sur une figure médiatique émergente en la personne de Didier Raoult et son traitement miracle. Et à partir de là, une logique virale s’est enclenchée qui se structure sur des sentiments de colère, d’injustice ou les deux cumulés car ce sont les sentiments qui se propagent le mieux sur les réseaux sociaux."
Le Professeur Raoult est devenu très rapidement le sujet d’une polémique puisque du jour au lendemain son traitement miracle a basculé dans le soupçon. A partir de là, les réseaux sociaux ont foncé de manière univoque vers la thèse du soutien à l’homme et au trraitment qui était injustement condamné par les médias. Et en ce sens, le Professeur Raoult a la figure de l'accrocheur de viralité car il s'éloigne de la vision classique du scientifique terne. Olivier Ertzscheid
Leviers d'influence des réseaux sociaux en temps de crise :
"On s'est d'abord focalisé sur le traitement ou l’individu. La en l’occurrence, la chloroquine et la figure de Didier Raoult ont été immédiatement associées l’une à l’autre. Et on a vraiment besoin de ce phénomène d’incarnation. Et à partir de là, c’est une antichambre concentrée et concentrique de tout ce qui peut se dire dans les médias avec plus de force et moins de nuances qui se dessine sur les réseaux sociaux."
Les moyens d’étudier la sociologie de ces attroupements virtuels sont limités. Sauf pour la plateforme elle-même. Dans ce genre de cas, seul Facebook peut connaître avec une précision et une transparence totale la constitution de ces groupes virtuels. Et après chaque crise, Facebook a deux possibilités. Soit elle affine son modèle économique ou soit de manière plus inquiétante, elle peut choisir de doper son modèle de données politiques et de s’en servir comme levier d’influence. Olivier Ertzscheid